Communiqué de la quinzaine du souvenir de la déportation homosexuelle

Le 30 avril à 11 h aura lieu la cérémonie dite “du souvenir des victimes et héros de la déportation”. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, des personnes ont été déportées dans des camps de concentration et d’extermination parce qu’elles ne correspondaient pas à l’idée que les nazis se faisaient des êtres humain⋅e⋅s, de ce qu’iels devaient être et de comment iels devaient se comporter. Parmi ces personnes, des homosexuel⋅le⋅s ou supposé⋅e⋅s l’être qui portaient le triangle rose, ou le triangle noir des asociales⋅aux.

Une année après la réélection d’Emmanuel Macron et dans le contexte où un grand nombre de personnes ont soutenu des candidat⋅e⋅s LGBTI-phobes comme Éric Zemmour ou Marine le Pen, ou les député⋅e⋅s de leurs partis politiques, Iskis ressent plus que jamais le besoin d’entretenir la mémoire des personnes déportées en raison de leur homosexualité comme elle l’a toujours fait.

En effet, comme nous le dénoncions dans notre communiqué à l’occasion de la journée mondiale contre les LGBTIphobies, le 17 mai 2022, de par le monde, nous assistons à une vague de changements légaux instaurés par des gouvernements de droite et d’extrême droite ayant des conséquences directes sur les personnes LGBTI+ et qui ne sont pas sans influence sur la politique européenne, voire française.

De nombreux pays européens ont basculé dans un régime d’extrême-droite mettant en place des législations anti-LGBTI+ telles que des censures en Russie et en Hongrie, des “zones anti-LGBT” en Pologne, entre autres. La France a d’ailleurs rejoint à la dernière minute, et seulement suite à une forte pression associative, la plainte déposée ce mois-ci par une dizaine de pays européen à l’encontre de cette loi hongroise anti-LGBT1.

En France, on ne compte plus les dérapages homophobes d’Eric Zemmour, parmis lesquels, des propos négationnistes concernant la déportation des homosexuel⋅le⋅s durant la Seconde Guerre Mondiale.

Alors que les idées discriminatoires, notamment LGBTI-phobes se normalisent, les votes pour les partis d’extrême-droite sont en augmentation constante depuis 2012 en France, et ce même au sein de l’électorat LGBTI+, comme l’a relevé un sondage IFOP en février.

Le mot même de “nazi” est aujourd’hui employé afin de désigner toute idéologie contraire à celle que nous croyons être la bonne, détournant le mot de sa signification historique, celle d’un régime profondément raciste, xénophobe, antisémite, mysogine et homophobe, n’hésitant pas à exécuter toute personne qui ne rentrait pas dans le moule qu’il voulait imposer.

De même, l’actualité récente est marquée par l’affaire FRDeter : un réseau néo-nazi de 7000 membres communiquant sur Telegram révélé le 2 avril par le collectif Tajmaât, qui organisait des attaques ciblées et des attentats envers la communauté maghrébine2.

Concernant la communauté LGBTI+ plus directement, nous pouvons citer par exemple le sabotage d’un spectacle sur le thème du genre ce jeudi 6 avril par l’organisation catholique traditionaliste affilié à l’extrême-droite Civitas3, l’annulation ce 5 avril d’un concert de Bilal Hassani suite aux menaces du groupe de la même obédience : Lorraine catholique4 ou encore l’interdiction ouvertement homophobe par un lycée privé de Compiègne de la projection du film Rafiki5. Nous renouvelons aussi notre solidarité avec l’association LGBTI+ réunionnaise OriZon donc le local avait été la cible d’un incendie criminel en février.

Enfin, nous ne pouvons que nous inquiéter de l’annonce récente de la création d’une association parlementaire par le Rassemblement National, un parti ーrappelons-leー cofondé par un ancien Waffen-SS6 visant notamment « l’écriture inclusive » et la « propagande LGBT dans les écoles »7.

Rien qu’à Rennes, l’association LGBTI+ SAGA des étudiant⋅e⋅s de Sciences Po a été prise pour cible cet hiver et les fachos rennais⋅e⋅s en tentant de marquer leur territoire dans une ville historiquement très antifasciste avec des graffitis, des autocollants, des attaques en bande sur des militant⋅e⋅s ou juste des étudiant⋅e⋅s qui décollent leurs autocollants, comme en mars sur le campus de Beaulieu8

C’est pour cela qu’il nous semble extrêmement important de réagir en tant que communauté : gardons en mémoire notre Histoire et ne nous laissons pas séduire par des discours fondés sur l’intolérance ! Dans une période où la Ligue des Droits de l’Homme, pour la première fois depuis le régime de Vichy, est désavouée par le gouvernement, rappelons que l’antifascisme n’est pas un délit mais un devoir moral dans lequel la communauté LGBTI+ doit rester unie !

Ce contexte doit activer nos signaux d’alarme : les droits que nous avons acquis doivent être défendus et ceux qu’il nous reste à acquérir ne nous seront accordés que si nous nous mobilisons.


1 https://twitter.com/SebastienTULLER/status/1643917462285565954

2  https://twitter.com/Tajmaat_Service/status/1642506496956137472

3 https://www.liberation.fr/societe/sexualite-et-genres/a-nantes-un-spectacle-sur-la-question-du-genre-vise-par-un-sabotage-la-mairie-porte-plainte-20230407_GPFU7CF3UFH2LLVDFTBUET3B24/?utm_medium=Social&xtor=CS7-50-&utm_source=Facebook#Echobox=1680892160

4 https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/moselle/metz/annulation-du-concert-de-bilal-hassani-dans-une-eglise-a-metz-apres-les-attaques-du-collectif-lorraine-catholique-2747490.html

5 https://www.mediapart.fr/journal/france/310323/ivg-homosexualite-un-lycee-prive-de-compiegne-accuse-de-censure-par-ses-propres-enseignants

6 https://www.mediapart.fr/journal/politique/051022/50-ans-du-fn-rn-l-histoire-secrete-du-waffen-ss-qui-deposa-les-premiers-statuts-du-parti

7 https://tetu.com/2023/04/12/rassemblement-national-association-contre-wokisme-propagande-lgbt-lobby-reac-organise-parlement/

8 https://twitter.com/SESLRENNES/status/1640728315165065217/photo/1