CP : Les pouvoirs publics répriment-ils la Marche des Fiertés de Rennes ?

Rennes, 15 juin 2024 – La Marche des Fiertés LGBTI+ de Rennes 2024 a été entachée par des actions brutales de maintien de l’ordre sur son cortège, faisant de cet événement une triste première dans l’histoire des Prides en France. Le cortège a subi l’utilisation de méthodes de maintien de l’ordre disproportionnées sans aucune considération pour le caractère pacifique et rassembleur de la Marche des Fiertés.

Un cortège uni contre la haine et la discrimination

Cette année, la Marche des Fiertés LGBTI+ de Rennes a pris une dimension particulière. Une manifestation à l’initiative de l’intersyndicale contre la montée de l’extrême droite est venue grossir les rangs, afin de faire vivre une union large et solidaire contre la menace grandissante de l’extrême droite en France et en Europe. En effet, le mot d’ordre de la Marche des Fiertés de Rennes 2024, choisi il y a plusieurs mois, était « Loi Darmanin, mouvements anti-trans, extrêmes-droites européennes : contre les idées des fachos, montons au créneau».
Ce sont 20 000 personnes qui sont venues témoigner de la détermination de notre communauté à défendre les valeurs de liberté, d’égalité et de respect de la diversité.

Un dispositif de maintien de l’ordre inacceptable

Cependant, cette démonstration de solidarité a été entachée par les choix des pouvoirs publics en matière de maintien de l’ordre. Iskis déplore leur décision d’appliquer la même doctrine musclée que lors des grandes manifestations intersyndicales rennaises, avec un dispositif de CRS et gendarmerie mobile disproportionné au regard des quelques poignées d’activistes autonomes en amont du cortège.

Tous les choix ont été faits pour attiser inutilement les antagonismes : gazer un cortège à quatre reprises, l’accueillir Esplanade Charles de Gaulle avec des barrières anti-émeutes et des gendarmes en armure, charger les manifestant·e·s sans se soucier du mouvement de panique que cela a créé sur le public non habitué aux manifestations et jusqu’à risquer de causer des blessures en usant d’une grenade de désencerclement.

C’est la stratégie d’apaisement du service d’ordre de la Marche des Fiertés, en complète opposition avec celle des forces de l’ordre, qui a réussi à ramener le calme et à faire enfin progresser le cortège.

Des membre de l’ORLIB,1 collectif retranscrivant les actions des forces de l’ordre pendant les manifestations, couvraient cette Marche des Fiertés pour la première fois. Iskis salue leur présence tout en souhaitant que cela ne devienne jamais une nécessité.

Quel signal les pouvoirs publics envoient-ils aux personnes LGBTI+ ?

Cette démonstration de force disproportionnée vient questionner la volonté des pouvoirs publics à défendre les droits des personnes LGBTI+. Quand dans le même temps les différents Ministères s’engagent avec le Plan de lutte contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ par la DILCRAH,2 il semble incompréhensible de malmener un cortège défendant précisément ces droits humains.

Pour les public divers qui la fréquentent, la Marche des Fiertés est un véritable sanctuaire. C’est une action d’affirmation de soi dans l’espace public, de reconnaissance à l’appartenance à un groupe social confronté à des difficultés communes. En particulier pour la jeunesse, les familles, les personnes isolées socialement ou vivant avec un handicap, la Marche des Fiertés doit rester un espace sécurisant. Ce cadre n’est pas incompatible avec l’expression d’une révolte, raison d’exister intrinsèque des Marches des Fiertés.

Avoir fait le choix d’envoyer des agents publics opposer un maintien de l’ordre à ce mouvement émancipateur relève d’une contorsion invraisemblable. Ce sont ces mêmes agents et leurs collègues qui sont en charge de faire respecter les lois contre les violences LGBTI-phobes et qui accueillent les victimes de violences.

Un appel à l’unité et à la vigilance

Iskis attend des pouvoirs publics un positionnement clair sur son devoir de protection des minorités sexuelles et de genre. Un événement soutenu financièrement, politiquement et techniquement par la Ville de Rennes et la DILCRAH ne peut pas être la cible d’une quelconque brutalité.

Dans ce contexte politique tendu, Iskis ne tolérera aucune concession sur les droits humains fondamentaux et appelle à l’unité de toutes les forces pour défendre nos droits et nos libertés.  Contre le danger croissant des politiques réactionnaires, la mobilisation doit être massive et intraitable face à toutes les formes de discrimination et de répression. Ensemble, construisons un pays de liberté, de diversité et de respect pour tou·te·s !


1ORLIB : Observatoire Rennais des Libertés Publiques
2DILCRAH : Délégation Interministérielle de Lutte Contre le Racisme, l’Antismétisme et la Haine anti-LGBT